jeudi 29 octobre 2015

Le 6ème tournoi des nouvellistes, commentaires des nouvelles de la semaine 7

J’ai pu lire dans différents commentaires sur Facebook, que ce groupe était le « groupe de la mort », sous-entendu qu’étaient rassemblées là les nouvelles qui avaient été le mieux classée par le jury. Très bien, c’est avec cette idée en tête que j’ai donc abordé cette nouvelle semaine. Verdict !! 




Peine de mort, de JC Gapdy :
Peut-être ici l’une des plus originale nouvelle du tournoi. Le récit ne commence pourtant pas très bien  à mon sens. La partie « humaine » avec la scène du condamné m’est apparut un peu faible. Le condamné me semble avoir un comportement et des pensées bien trop relâchés en regard des actes qu’il a commis. L’approche de l’exécution ne l’affecte pas plus que ça. Bien-sûr, il y a une explication à cela et elle est cohérente, mais ça rend tout de même l’accroche de l’histoire peu crédible. La partie « non humaine », elle est très surprenante. Nous nous retrouvons dans un autre monde avec une autre espèce style gros insecte. Beaucoup de vocabulaire propre aux corps des insectes viennent surcharger le texte. C’est certes nécessaire et cela sert le récit, mais parfois on aurait pu se contenter d’une description plus accessible. Du coup ce côté « je sors tout mon champ lexical sur le sujet » un peu trop technique peut apparaître rebutant. Je regrette un élément dans cette nouvelle, ou plutôt son absence :  l’histoire !
Après une scène d’exposition, le personnage réintègre son corps et s’ensuit un déluge d’explications sur le pourquoi du comment. Oui, c’est (très) original, oui c’est intéressant, non ce n’est pas ennuyeux, mais l’auteur ne fait que nous poser un décor avec un contexte, il a juste oublié de raconter aussi une histoire. Quant à la leçon de moral finale comme quoi les humains n’ont pas d’avenir, que notre propension à nous auto-détruire, et tout ça tout ça, c’est un peu trop rebattu. Malgré toutes ces remarques, la nouvelle reste tout de même intéressante.



Une femme du quai une nuit avait sauté, de Laurène Barbaux :
Voilà un récit qui je dois le reconnaître ne m’a pas du tout emporté. Cela vient sans doute de l’histoire, soit celle d’un taggeur qui tagge un bateau blanc et dont les tags prennent vie. Le tout avec une écriture qui se veut poétique, voire onirique, qui m’a laissé un peu à côté. Cela vient peut-être du fait que je dirais que je ne suis pas le cœur de cible de cette nouvelle, le tag étant pour moi plus de la dégradation que de l’art. Quant aux peintures qui prennent vie, oui, c’est sympa, mais c’est a peu près tout ce que ça m’évoque. Donc en résumé, une nouvelle bien ficelée, pas trop mal écrite qui se lit bien, mais sans plus.



Tristelia et Yseriope , de Eloïse de Valsombre   :
Je me souviens lors du précédent tournoi d’une nouvelle d’Eloïse de Valsombre, d’autant mieux que ma nouvelle « Transition sur la lumière » était opposée à la sienne pendant les éliminatoires. J’avais à l’époque reproché à cette nouvelle un côté trop « dissertation ». Elle revient donc cette année avec une nouvelle plutôt originale à propos d’une histoire d’amour «contrariée ». Dans cette nouvelle, j’ai apprécié l’idée de la fille dans son délire qui va délivrer son bien-aimé… du moins, le croit-elle. Ce thème est bien exploité et on entre vraiment bien dans la folie de la fille (au nom impossible, comme celui de son « bien-aimé » d’ailleurs). La construction de l’intrigue, soit première partie avec le point de vue de Tristelia, et la deuxième partie avec le point de vue d’Yseriope sert parfaitement le récit.

 Quelques remarques cependant :

-          Il y a une expression que je déteste, mais elle a le mérite de résumer en deux mots tout un concept,  c’est la fameuse  histoire du « show » et du « tell ». Le « show » est toujours préféré au « tell » parce qu’il apparaît plus immersif de vivre en direct le récit et que d’en lire une version rapportée à la hache. Eh bien, toute la première partie, soit celle de Tristelia, m’a paru très « tell », ce qui m’a empêché de rentrer vraiment dedans. Ce n’est qu’avec la deuxième partie qui est vraiment « show » que j’ai accroché.

-          Je crois que j’ai un problème avec le style d’Eloïse, (vu que c’est la deuxième nouvelle que je lis d’elle), c’est que je le trouve trop ampoulé, ici avec la folie du personnage, on attend des sommets dans le coté fifille. Mais ce n’est que mon ressenti.   

-          La fin m’est apparue trop abrupte. J’étais surpris de voir que ça s’arrêtait aussi vite après une très longue mise en place (et même temps, ça pouvait difficilement tourner autrement).



La fièvre de mort, de Richard Mesplède :
J’aime beaucoup les boucles temporelles. Et ici j’ai été comblé. L’entrée en matière peut paraitre certes un peu longue mais l’arrivée dans la ville abandonnée est pour moi juste parfaite. L’unique personnage de l’histoire est bien décrit, bien défini avec un contexte cohérent. J’ai été véritablement emporté par l’écriture et l’histoire et j’ai aimé explorer cette étrange ville du far west hors du temps. Il y aurait sans doute matière à d’avantage de développement. Une boucle temporelle, comme j’en parlais au début du paragraphe n’est jamais simple à créer, il faut penser aux implications diverses. L’auteur ici en prenant un seul personnage et en se situant dans un seul lieu a restreint l’enjeu et s’est placé dans une zone de confort par rapport à tous les facteurs de probabilité, n’empêche que sa boucle fonctionne. Le récit m’a amené quelques interrogations :

-          on aurait pu imaginer que le personnage après s’être reconnu, tente de modifier le cours du temps. Est-ce que cela aurait pu être possible ? Il y a un coté « destin inexorable » dans le récit qui pourrait faire penser que non.

-          Une explication sur le déplacement temporel aurait-elle été opportune ? Pas facile à envisager, à force de vouloir tout expliquer (comme j’ai toujours tendance à le faire) on casse parfois la magie du récit.

-          Est-ce que la ville est hors du temps ou est-ce que l’héroine s’est déplacée dans le passé ? (et dans ce cas là, comment ? le texte ne dit rien de tout cela.)

-          Pourquoi la ville est-elle déserte ?

Quelques questions qui viennent à la lecture de ce récit passionnant.



Voilà ce que je pouvais dire sur les nouvelles en compétition cette semaine. Me concernant, le bilan est plutôt mitigé sur le coté « groupe de la mort ».


La semaine prochaine c’est déjà la dernière semaine d’éliminatoire, le temps passe très vite ! Bientôt une nouvelle phase de tournoi va s’ouvrir. A la prochaine pour une dernière volée de commentaires.

jeudi 22 octobre 2015

Le 6ème tournoi des nouvellistes, commentaires des nouvelles de la semaine 6

La semaine précédente était particulière à plus d’un titre, puisque j’y figurais. Cette semaine-ci aura tout aussi son importance pour moi, puisque si j’ai bien compris le système, le gagnant de cette éliminatoire sera mon concurrent direct au prochain tour. Alors qui sera l’heureux gagnant ? Mystère pour le moment, passons donc aux commentaires.





Le projet Traumaless, de Philippe Mangion  :
Il y a de cela de (trop) nombreuses années, j’ai lu un mémoire d’un ami aujourd'hui psychologue. Ce mémoire avait une partie théorique, une partie expérimentale et une partie conclusion tirée de l’expérimentation. Eh bien, c’est exactement ce que j’ai retrouvé ici. Je n’ai pas eu l’impression de lire une nouvelle mais un faux mémoire de psycho où j’ai retrouvé tous les termes afférents à cette matière. Alors, je me suis dit que l’auteur (sans doute étudiant en psychologie, voir psychologue) s’était fait plaisir, un peu à la manière d’Asimov et sa thyotimoline, mais en terme de lecture, ça m’a réellement ennuyé. Il m’a même fallu reprendre à plusieurs reprises la lecture alors que d’habitude je lis une nouvelle en une fois. J’enfoncerai même un peu le clou en me demandant finalement où se trouve l’aspect SF ? Oui, il y a des dates futuristes, mais ça m’a paru pur artifice. A mon sens, rien dans la technologie décrite, ni dans le propos, ne sonne SF, les références aux marques actuelles d’ailleurs renforcent cette impression. Tout aurait très bien pu se dérouler aujourd'hui.


Chasse à l’homme, de Yoann Bruni  :
La milice religieuse recherche un puissant renégat dont l’existence même est une menace à la paix du royaume. Mais qui est le véritable méchant de l’histoire ? C’est l’intéressante question que pose l’auteur.
Voilà un récit médiéval-fantastique tout à fait haut en couleur et en pyrotechnies, effets gores compris. Au fur et à mesure de l’histoire, on comprend que la milice incarnant le bon droit et l’ordre tient plus de l’occupation cruelle et tyrannique. C’est un peu manichéen comme approche mais cela sert le récit et l’on vient à plaindre le « terrible » renégat qui tient plus d’un jeune quasimodo que du grand guerrier. Sa fin brutale nous laisse d’ailleurs sur un goût amer et on vient à le plaindre.
Dans l’ensemble, j’ai été emporté par le récit et les combats sont très graphiques. En revanche, j’ai parfois été perdu dans le nombre des protagonistes et surtout dans l’inventaire des « trucs »-manciens dont je ne connais rien à rien. En outre, le titre est un peu faible et peu vendeur à mon goût. « Chasse à l’homme » reste en tout cas un bon récit plaisant à lire.


Celle qui éclaire nos pas, de Pascal Bleval  :
Hemma reprend conscience sur un étrange monde peuplé d’hommes-ratons, les Manaaks. Selon leur prophétesse, elle est celle qui éclaire leur pas, mais en quoi ça consiste au juste ? On découvrira à la fin que le titre du récit est bien à prendre au sens littéral. J’ai aimé cette idée et le mystère est bien entretenu jusqu’au bout. J’ai aimé aussi les Manaaks qui m’ont un peu fait penser aux gentils Ewoks (ça doit être parce qu’on n’arrête pas de parler de Star Wars en ce moment). La fin est percutante et fonctionne.
Cependant, j’avoue avoir été dérangé par pas mal de petits détails. Le concept selon lequel un  personnage qui se réveille on ne sait où sans souvenirs est un processus littéraire qui permet en général une bonne accroche dans l’histoire. On découvre le monde en même temps que le personnage, l’auteur nous apportant les bonnes infos au bon moment afin de ménager le suspense et l’intérêt du lecteur. Ici, j’avoue ne pas avoir ressenti cette impression. J’ai plus eu la sensation que c’était plutôt un moyen de se dispenser de décrire le monde, l’époque ou la situation géopolitique. J’ai trouvé que l’auteur perdait parfois son temps sur des détails dont l’utilité est contestable. Je vise ici surtout la scène du bain. La scène est en soit agréable à lire, mais en même temps n’apporte pas grand chose à l’histoire. J’aurais aimé plutôt en savoir d’avantage plus sur les souvenirs de l’héroïne et surtout qu’on me décrive le lieu et le temps où elle a atterrit.
   
Quelques  autres remarques également :

- Globalement, le vocabulaire d’Hemma est trop en décalage avec l’histoire. La voir penser au « marketing » détonne réellement. Ce terme est contemporain et beaucoup trop « terrestre ». Or, comme on ne connaît ni lieu (La terre ? une autre planète ?) ni l’époque (futur ? aujourd’hui ?), ça ne fonctionne pas. Et ce n’est pas l’évocation d’un mystérieux empire humain dont le nom n’évoque rien qui nous y aidera.

- Un peu comme le vocabulaire d’Hemma, le style hésite entre le sérieux et un certain relâchement, comme si l’auteur ne savait pas s’il était dans un drame ou une comédie. J’aurais aimé plus de constance dans le ton.

- Le changement de caractère d’Hemma pendant la cérémonie est trop tranché et n’a pas de véritables explications.

- Problème de point de vue de la narration : tout se passe sous l’angle d’Hemma, puis dans le dernier quart du récit, on bascule sur deux points de vue différents.

En conclusion, le récit repose sur une idée originale mais qui est minée selon moi par de nombreuses incohérences et un manque de constance du style. .


Le dernier des conquérants, de Nathalie Haras  :
Je suis sincèrement très partagé sur cette nouvelle. J’ai trouvé l’accroche super efficace. J’ai vraiment adoré le début. Style limpide, décor digne des bonnes tavernes de jeux de rôle, personnage du conquérant Jen Vyr haut en couleur, c’est un démarrage vraiment top. On s’attend à écouter l’histoire d’une quête formidable digne de Bilbo le Hobbit. Puis vient le personnage de Herb Callum qui, je ne sais pas pourquoi, m’a fait pensé à Obelix et Jen Vyr est aussitôt mis de côté. Je me suis dit, dommage, mais pourquoi pas, il doit y avoir une bonne raison. Puis lorsque les « petits » sont arrivés dans le récit, j’ai commencé à tiquer. Cette fois, je voyais les Minions dans la base de Gru. Lorsque Herb est rentré dans la fabrique, je me suis dit, ah vu qu’il est différent des habitants du village, si ça se trouve, c’est un conquérant issu d’une autre contrée qui était là sous couverture, qui va voler les trésors et renter ensuite chez lui. Et cette idée m’aurait bien convenu. Sauf que quand j’ai compris que Herb était en fait le Père noël (environ au trois quart du récit), là j’ai complètement décroché. Alors, certes, c’est amené de façon originale et le twist est astucieux, mais c'est un peu dommage.  



Voilà ce que je pouvais dire sur les nouvelles en compétition cette semaine. Qui sera la grande gagnante et donc me sera opposée ? Au moment où j’écris "celle qui éclaire nos pas" fait la course en tête, mais le vote du jury va peut-être bousculer les choses. Suspense…

samedi 17 octobre 2015

Le 6ème tournoi des nouvellistes, commentaires des nouvelles de la semaine 5

Nous y sommes, ce groupe E c’était le mien et ma semaine, la semaine de tous les dangers où moi petit challenger je suis venu décrocher une qualification aux côtés du tenant du titre du tournoi !  Merci pour votre lecture et vos commentaires. Les résultats étant proclamés, il est temps de vous livrer mes quelques commentaires. 




Gastronoboat, de Céline Reinert :
J’adore le titre de cette nouvelle, je dois le reconnaître. Il faudrait même déposer la marque « Gastronoboat » parce que c’est un super concept. Je suis sûr que ça marchera le jour où on fera des croisières gastronomiques de la Terre à la Lune. Enfin faudrait-il pour autant en revenir, parce que pour cette fois-là, malheureusement, ça ne l’a pas fait. Nous suivons donc Pierre Hozier qui découvre avec ses camarades russes le vaisseau Gastronoboat après un drame qui a vu la mort de tous les touristes. Que s’est-il donc passé ? Et pourquoi ça sent si mauvais dans les couloirs ?
Je n’ai jamais été convaincu que les filles étaient très bonne en SF (ne tapez pas, pitié !), mais cette nouvelle m’a montré que les filles savent faire aussi et même avec originalité (eh oui !). Avec un petit côté « policier » (je mets des guillemets, ce n’est pas à proprement parler une enquête) servi par un style à la première personne relâché mais pas trop, Gastronoboat a tout pour plaire. La nouvelle est cependant un peu trop courte et l’explication de la mort des passagers, m’a laissé sur ma faim, si je peux me permettre ce jeu de mot. Au final, une nouvelle quand même bien sympa.   

On the rock, de Françoise Vedrenne :
Un labyrinthe de glace ? Une épreuve imposée par une mystérieuse « communauté » ? Et cette fille qui cherche une bouteille de Whisky pour sauver son frère, comment elle est arrivé là ? Et pourquoi une bouteille d’ailleurs ? Voilà un début bien énigmatique, je dois vous l’avouer.
Il fait très froid dans « On the rock », même très très froid, si bien qu’on se demande si l’héroïne ne va pas finir congelée. J’ai beaucoup aimé la première moitié du récit. J’ai trouvé que le suspense était là. Les informations viennent progressivement au lecteur de façon à relancer toujours l’intérêt. C’est quelque chose que je ne sais pas vraiment faire et j’ai donc apprécié la leçon d’écriture. J’ai aussi trouvé astucieuse l’idée d’utiliser le sang de la blessure à la main du personnage comme un fil d’Ariane. La moitié du récit est donc plutôt réussie voire palpitante.. jusqu’au moment où l’héroïne retrouve la bouteille de whisky. A mon avis, c’est un peu là que tout se gâte. D’abord, déjà, pourquoi une bouteille de whisky comme item ? Je n’ai pas compris en quoi ça pouvait sauver son frère. Pourquoi d’ailleurs une rente à vie de 4 bouteilles pour récompenser la victoire de l’héroïne ? J’avoue être intrigué sur cette affaire. Dans ce monde (lequel au fait ?) régi par cette communauté (dont on ne saura rien), l’alcool est-il assimilé à de la nourriture ? à une monnaie d’échange ? A l’instar d’un 1984 ou d’un THX 1138, cherche-t-on à tout prix à rendre la population dépendante de l’alcool pour mieux la contrôler en organisant la rareté du produit (ça y ressemble en tout cas) ? l’enjeu central manque de clarté, je crois. Et forcément, pour moi, ça anéantit tout ce qui pourtant avait été si bien installé sur la moitié du récit. Du coup, j’ai achevé la lecture de cette nouvelle sur un sentiment mitigé.

La 8ème règle, d’Erik Vaussey  :
La nouvelle que tout le monde attendait est là ! Erik Vaussey revient et remet son titre en jeu. D’entrée, bravo pour cette grande sportivité. Au moment où j’écris, cette nouvelle est d’ailleurs, bien partie pour terminer première de son groupe, je ne me fais pas de souci pour la suite. Irons-nous vers une nouvelle victoire ? Le chemin est encore long pour le savoir, mais on peut dire sans risque que le récit ira loin. Mais venons-en au fait :
Le début établit un parallèle entre une femme débarquant de son avion et deux extra-terrestres de leur vaisseau sur la même piste d’atterrissage. C’est que ces fameux extra-terrestres venus tout droit de la planète Born (les Bornites, donc), coexistent avec notre espace et y déambulent à la manière de fantômes (ou hologramme, c’est selon). C’est un peu étrange comme situation, d’ailleurs et le récit sait en jouer et retranscrit bien les impressions des Bornites face à leur condition de fantômes. Ça m’a fait repenser à un épisode de Star Trek Next Generation ou des personnages se pensent morts et errent dans le vaisseau, en réalité, ils sont bloqués dans un espace qui coexiste avec celui de l’Enterprise. J’avais d’ailleurs bien aimé cet épisode. Ce thème est fort bien exploité dans ce récit.

Quand j’ai lu le titre et commencé à lire, je me suis dit : ok, il doit tenir une super idée pour sa 8ème règle, mais qu’en sera-t-il des 7 premières ? C’est que ça fait beaucoup de règles à inventer… (ça s’est l’auteur en moi qui pense). Eh bien, bonne surprise, les règles sont bien trouvées. Elles se suivent naturellement, sans être renversantes, elles paraissent logiques avec la situation. Elles recèlent des bonnes trouvailles et renouvellent  le thème du fantôme.
J’ai beaucoup aimé suivre en parallèle l’histoire plutôt fraîche et plaisante des deux touristes Bornites et celle beaucoup plus sombre de Sandra. Ces deux histoires qui a priori n’avaient rien à voir, se rejoignent de la plus surprenante des façons. L’histoire du petit Julien est touchante et on espère qu’il va s’en sortir. Concernant l’intervention de Glon. D’aucuns trouveront que c’était un peu attendu, mais moi j’étais plutôt satisfait et content de ce rebondissement. Mais ce qui est vraiment intéressant c’est que l’histoire ne s’arrête pas là (on aurait pu le penser). En effet, et c’est original, Julien grandit avec son « ami imaginaire » dont finalement il aura conscience, allant même jusqu’à révéler son existence au monde entier en publiant un livre.

Quelques petites remarques tout de même :

-          Sur le plan de la forme, j’ai trouvé que le texte ne marquait pas assez le passage entre les paragraphes Humain et Bornites. J’aurais aimé une distinction plus nette (des astérisques peut-être à chaque changement de point de vue.)

-          Il est vrai que parfois TOUT expliquer n’est pas utile, il faut faire travailler l’imagination du lecteur, mais quand même, des fois c’est bien aussi. Toujours est-il que j’ai trouvé que le récit passait un peu trop rapidement, voire carrément évitait de nous parler de la façon dont Julien perçoit son hote Bornite.

-          Concernant la fin, je suis un peu partagé. L’épilogue avec le journal télé était-il si utile que ça ? N’aurions-nous pas eu une fin plus efficace en s’arrêtant à la 8ème règle amendée ? Je me pose la question.

-          Sur la rédaction définitive de la 8ème règle, je m’interroge sur l’identité de son rédacteur. Suite à son humiliation, Julien réécrit la fameuse règle, mais il écrit :  « Les humains ne veulent pas prendre conscience de NOTRE existence ». ? N’aurait-il pas dû plutôt écrire « de LEUR existence » ? Est-ce que ça veut dire que Glon occupe l’esprit de Julien plus qu’il ne coexiste avec lui (et donc qu’il l’a phagocyté en quelque sorte ?). La fin peut le laisser penser.

Ces quelques remarques mises à part, j’ai passé un fort beau moment de lecture avec cette « 8ème règle » où humour, drame et émotion sont au rendez-vous.

Voilà c’était les nouvelles qui étaient opposées à « Full Access ». Un grand merci pour vos votes et votre soutien. Ma nouvelle reviendra donc dans la compétition le 12 décembre et à l'heure actuelle, je ne connais pas encore mon futur concurrent. Suspense donc !!


mercredi 7 octobre 2015

Le 6ème tournoi des nouvellistes, commentaires des nouvelles de la semaine 4

Ah ce groupe D, je l’attendais, puisque c’est celui dans lequel concoure mon ami Francis Ash. Il n’empêche, je me suis prêté en toute objectivité à la lecture et aux commentaires des quatre récits proposés cette semaine. Bien-sûr, ces commentaires contenant des spoilers, je vous conseille de lire les nouvelles AVANT ces commentaires.


La danse de Saint-Guy, de Julien Noël :
Ce concours a le mérite de permettre à tous les styles et toutes les approches littéraires de s’exprimer. Néanmoins, rarement (pour ne pas dire jamais), je n’ai rencontré de style aussi impersonnel et anonyme. J’ai plus l’impression d’avoir lu la description d’une scène tirée hors de son contexte que d’avoir lu un récit qui racontait quelque chose avec un début, un milieu et une fin. On nous parle d’un conflit qu’il nous est impossible à situer dans le temps et l’espace avec des protagonistes dont on ne sera rien. Au milieu de tout ça une armurerie, des pendus et un géant. L’armurerie et les pendus trouvent leur justification dans le texte, mais le personnage du géant reste une énigme totale. Tout comme la raison de sa danse. L’absence quasi-totale d’action et la narration purement descriptive rend le texte lourd et donne une impression d’exercice scolaire du type « décrivez une scène ». Résultat, j’ai glissé à la surface des mots jusqu’à la fin sans jamais accrocher. Désolé, ce n’est pas pour moi.


Rafaele, de  Claire Girard:
Voici un beau récit original et assez touchant. Cette petite fille maltraitée qui échange avec ses peluches émeut. Quand on est parent (ce qui est mon cas), il est difficile de ne pas être touché par cette thématique. L’écriture est attachante. Toutefois, je regrette un gros manque de relecture qui nuit à la fluidité de l’ensemble (trop de coquilles). Sur le plan purement « fantastique » (puisque c’est le genre auquel a priori se rattache cette nouvelle), j’aurais tout de même quelques remarques cependant :
- Les peluches connaissent l’avenir (et même les réalités alternatives), super idée, mais par quelle magie ? Ce n’est pas très clair.
- Nounours se trompe de perspective (ah les paradoxes temporels !). Je m’explique : Nounours prétend que Rafaèle aurait dû non pas mettre du désordre dans sa chambre mais dans celle de sa mère (où elle aurait du y faire une découverte capitale pour son avenir). En fait, ce discours n’est tout simplement pas possible. Pour avoir la connaissance de cet avenir-là, Nounours devrait forcément en venir. Il lui faudrait donc avoir remonté le temps depuis ce futur « heureux ». De cette manière, il pouvait vivre en direct l’acte qui a transformé le futur « heureux » en « malheureux », créant ainsi une réalité alternative décrite dans cette nouvelle (re-regardez Retour vers le futur - ça tombe bien c’est son 30ème anniversaire !). Comme rien n’indique cela dans le récit (puisqu’on ne sait rien sur les capacités cognitives des peluches et que l’on ne nous parle pas de voyage dans le temps), il faut considérer que le texte décris la réalité non modifiée, selon laquelle la petite fille n’a pas mis le désordre dans la chambre de sa mère, mais bien dans la sienne. Le vrai futur est donc logiquement le futur « malheureux », Nounours et ses copains en peluches interviennent pour changer la course du temps et créer une nouvelle réalité alternative, le futur « heureux ». Du coup, dans le récit, il n’aurait pas dû dire « en faisant ceci cela, tu serais devenue ceci, tu aurais fais cela », mais plutôt, « grâce à cet acte, tu feras ceci cela et tu deviendras ceci cela », c’est pas tout à fait la même chose. Suis-je compréhensible ?
Cela dit, ce récit m’a beaucoup plu et m’a poussé à la réflexion. Avec une bonne relecture, il sera excellent.


Précieux, d’Annabelle Blangier  :
Un bateau qui erre en mer au milieu d’un brouillard épais, un équipage aux abois, un garçon curieux, des bruits étranges de créatures aquatiques (des sirènes ?), en ça rien de très original. Toutefois l’auteur sait doucement  faire monter la tension tout au long de son récit. J’avoue avoir été pris par le récit. Le personnage du capitaine est bien décris. J’ai apprécié la justification du titre de la nouvelle qui donne matière à réflexion. De plus, les noms des personnages sentent bon la Bretagne, ce qui donne un certain charme à l’ensemble. Le style participe très bien à entretenir le mystère. La conclusion tragique était un peu attendue, mais est logique. En conclusion, un bon récit.


Mort Chronique, de Francis Ash :
A priori, il n’est pas évident de commenter la nouvelle d’un ami et comparse d’écriture. Voilà bien une vingtaine d’années que je côtoie l’écriture de monsieur Ash sous ses différents noms de plume. J’ai donc déjà eu de nombreuses occasions de commenter ses récits et pas que pour en dire des louanges, il pourra l’attester. Cette précision faite, commençons.
Dès les premières phrases, j’ai été accroché par les mots et la thématique. Il flotte un parfum de code quantum dans cette nouvelle, sauf que l’esprit qui bondit de corps en corps, tue systématiquement son porteur. Si la mort de Serge m’a laissé froid (peut-être parce que le personnage paraît, reconnaissons-le, un peu ridicule), celle d’Eléonore était touchante, mais ce n’est rien comparé à celle de la petite Merline (quel drôle de prénom d’ailleurs !) qui m’a quand même bien remué, mais bon c’est l’effet recherché, je suppose.
J’ai aussi été saisi par un sentiment d’urgence. Comme le personnage principal, on court, on  court, en se demandant quelle en sera la destination et le pourquoi de cette course. Le style participe beaucoup à cela en insufflant un rythme haletant, sans pourtant laisser de côté descriptions et moults détails. On comprend très vite que l’esprit n’a que peu très peu de temps pour atteindre son but.
L’esprit de qui d’abord ? La révélation de son identité n’a en fait pas beaucoup d’importance, c’est ce qui lui est arrivé qui compte. Pourquoi suite à son meurtre saute-t-il de corps en corps ? là ça restera un mystère. J’imagine que trouver une explication aurait été laborieux voire tiré par les cheveux, du coup, un petit sentiment de frustration à ce niveau là.
Et puis quel but au fait ? Là aussi petite frustration. Finalement, il n’aspire qu’à mourir. On aurait pu imaginer qu’il veuille plutôt se réincarner définitivement dans un corps sans que celui-ci ne meure aussitôt. Bon du coup, on partait dans autre chose et ce n’était plus vraiment « mort chronique », je le concède.
Concernant le twist final, franchement, je l’ai trouvé excellent. Il m’a fait penser aux vieux films d’horreur où l’on pense que tout est fini alors qu’il n’en est rien. Je n’en dirais pas plus, mais l’effet est réussi.
Certes, il y a quelques détails qui ont pu m’interpeller, mais globalement, par ses qualités narratives, ce récit est d’excellente tenue. Francis Ash peut être assuré de tout mon soutien. Allez, osons le dire, on a peut-être là un candidat pour le carré final. En tout cas, au moment où j’écris se profile doucement mais sûrement une qualification pour la suite. C’est mérité.


Voilà ce que je pouvais dire sur ces 4 textes. Le groupe D m’a davantage emporté que le groupe C dont le grand gagnant « des vacances à la ferme » m’a laissé dans l’incompréhension la plus totale.

A nouveau, je vous invite à vous faire votre propre avis en LISANT les nouvelles sélectionnées disponibles au lien suivant :


Et surtout ensuite d’aller VOTER pour vos nouvelles préférées.


Précision importante : La semaine prochaine fera exception à la règle. Etant donné que c’est ma nouvelle qui entre en lice (dans un groupe où dit-on il n’y a pas de nouvelles faibles, aie !), je ne publierai pas de commentaires avant la proclamation des résultats pour assurer une parfaite neutralité. Par contre, je ferai un petit point d’étape sur le tournoi en y allant de mes impressions et pronostiques. 

jeudi 1 octobre 2015

Le 6ème tournoi des nouvellistes, commentaires des nouvelles de la semaine 3

C’est au tour du groupe C de passer dans l’arène. Je suis donc toujours au rendez-vous pour commenter cette nouvelle fournée. Allez, c'est parti. On clique sur le lien ! 



Matin d’acier, par Emmanuel Delporte :
Il se trouve que je suis un grand fan d’Isaac Asimov. Je pense avoir tout lu ou quasiment de ce qu’il a écrit en fiction (sauf les veufs noirs, j’aime bien mais comme c’est pas de la SF, j’ai toujours un peu traîné les pieds). Bref, passons, disons que je connais bien le sujet du robot qui déraille en dépit des trois lois de la robotique, puisque c’est très souvent le point de départ des nouvelles du « bon docteur ». L’originalité de cette nouvelle que je peux noter, c’est qu’ici on ne suit pas l’histoire du point de vue humain mais de celui du robot. Le récit est bien écrit, mais j’ai tout de même trouvé le style un peu trop ampoulé pour qu’on croit vraiment être dans la tête  d’un robot. Au passage, je n’ai pas compris pourquoi le récit est écrit au passé et bascule sur la fin au présent.  Je pense que le présent tout du long avec un style plus sobre aurait mieux collé aux pensées d’un robot.

Trois points m’interpellent également :

-    Trop de références nuit : USS Magellan = Star Trek, perturbation « anormale » venant de Pluton (variation de 2001 où c’était Jupiter. ) et bien-sûr Asimov avec les trois lois de la robotique citées dans le texte.

-   Manque d’originalité de la part de l’auteur : Reprendre l’univers d’un maître de la science-fiction à ce point, c’est peut-être trop facile. J’aurai préféré que l’auteur crée SON univers avec ses codes à lui.

-   La 4ème loi de la robotique (telle que définie dans « les robots de l’aube ») n’est pas explicitée alors que les trois lois officielles sont énoncées textuellement. Du coup à qui s’adresse la chute de l’histoire si ce n’est aux lecteurs d’Asimov capables d’en comprendre le sens ? Les autres qui ne connaissent pas Asimov risquent d’être laissés de côtés. Quand à ceux qui le connaissent, ils feront la comparaison inévitable de cette nouvelle avec une des « Robots », ce qui ne peut que lui porter préjudice.

Ces remarques mises à part,  j’ai trouvé le récit globalement bien mené et agréable à lire.


Des vacances à la ferme, par Jean-Marc Sire :
Exceptionnellement, je ne parlerais ni de l’histoire, ni du style concernant cette nouvelle. Je ne vais pas non plus critiquer l’auteur dans ses défauts ou dans ses qualités, même si j’ai deux trois choses en tête. Non, c’est juste que je ne comprends pas la raison de sa sélection. J’ai relu deux fois pour voir si j’étais passé à côté de quelque chose, et pourtant j’ai toujours pas vu en quoi cette nouvelle était SFF. Pour moi, quelque soit les qualités ou non de cette nouvelle, c’est juste hors-sujet, désolé.



Le Novillero des sables ou Un taureau dans le désert , de Jacques Chérencé :
Autant être franc avec vous, je considère que la tauromachie est un acte de barbarie héritée d’un autre temps et que cette pratique aurait dû être abolie depuis des lustres. Je ne comprends pas comment on peut voir de l’art dans l’exécution d’un animal. Je n’en suis pas à souhaiter la mort du torero par le taureau, mais j’en suis pas loin. Lire un récit qui n’est pas loin d’en faire l’apologie me hérisse le poil. Ca ne m’empêche pas de faire la part des choses, et je vous rassure j’ai lu ce récit avec la plus grande objectivité.
L’histoire ne m’a pas vraiment emballé, je dois le reconnaître. Si on résume, on a un torero qui conduit sa nouvelle voiture dans le désert (pourquoi ? mystère.), qui tombe en panne et qui prend un coup de chaud. Entre les deux, il a des souvenirs de son expérience de torero.

Au niveau du style, comme souvent, c’est bien écrit. Le présent est bien exploité, ça m’a plu. Cependant, j’ai deux petites remarques :

-   L’ensemble est trop chargé en descriptions. Personnellement, j’aime les descriptions, Proust, Zola et Balzac sont mes amis. Celles de l’auteur sont plutôt bien faites, sur le désert, les décors, les personnages. Mais en même temps, une nouvelle ce n’est pas un roman, il faut être efficace. Trop de descriptions dans une nouvelle vient nuire au rythme quand ce n’est pas carrément du meublage. Ici, je prends la première option.

-     Le vocabulaire de la tauromachie est surexploité : c’est le sujet, vous me direz. Mais là, on a l’impression, d’une, que l’auteur cite son dico, et de deux qu’il s’est donné la mission de caser tous les mots de son dico. Ok, c’est documenté, mais c’est peut-être un peu trop.

Au niveau thématique, pour moi la nouvelle passe de justesse le test de compatibilité SFF. S’il n’y avait pas la fin où on apprend que le héros s’avère être la réincarnation d’un taureau et qu’il s’est battu avec son propre descendant, on serait hors-sujet.

Sur le plan du vocabulaire, une petite remarque au passage : un taureau n’est pas un fauve. Ça m’a surpris de lire ça pour un auteur qui maîtrise à ce point le vocabulaire de la tauromachie. Le taureau c’est un bovin, une bète, un animal féroce, un ruminant, je ne sais pas, mais pas un fauve. Enfin, la tournure de phrase « Je n’ai guère souvenance », m’a fait lever un sourcil. Sans doute faut-il y voir là une tentative de ne pas faire de répétition ou recherché. Bien essayé, mais ça rend le texte trop ampoulé pour le coup.

Pour conclure sur cette nouvelle, je pense que l’auteur, à la fin, n’a pas été jusqu’au bout de son idée. On sent qu’il a voulu faire réincarner le torero en taureau, mais qu’il s’est dit que ce serait trop prévisble, alors, il a fait passer son expérience mystique pour un coup de chaud (ou pas, c’est un peu comme on veut).

Les tromperies d’Outremer, de Chimène Peucelle :
Voilà un texte original qui se lit sans mal. Outremer nous conte ses malheurs sur le ton de la confidence. Le ton d’Outremer est alerte même si la fausse modestie du narrateur sur les qualités de son texte m’a un peu agacé (pourquoi s’auto-descendre ? Dans l’idée qu’on répondrait « mais non c’est bien » ?). Par bien des côtés, cette nouvelle m’a fait penser au magasin des suicides (à la différence qu’ici on vend des sorts de mensonges). Et comme le magasin des suicides, les clients défilent, une cliente qui veut croire qu’elle est morte, un jeune qui fait le pari de mentir au menteur, une braqueuse de charmes (dans tous les sens du mot). Alors, oui j’ai passé un moment agréable, mais je n’ai pas été emporté non plus et du coup, je n’ai pas grand choses à dire. Le sort d’Outremer n’a donc pas forcément bien fonctionné sur moi.


Voilà ce que je pouvais dire sur ces 4 textes. A la lecture de mes commentaires, je m’aperçois que je n’ai pas été particulièrement tendres, même si mon ambition de départ est d’être encourageant. Je ne vous cache pas que ce groupe m’a globalement déçu. Que les auteurs des nouvelles, si d’aventure ils venaient à me lire (ce qui me semble peu probable vu ma diffusion quasi-confidentielle), ne soient pas découragés par mes propos. Je suis moi-même un auteur qui a des travers, qui écrit du mieux qu’il peut quand il a le temps, qui enfonce des portes ouvertes, qui tombe dans le panneau de tous les clichés, qui est pétri d’habitudes et d’influences, bref, je n’ai donc pas de leçon à donner, ce que j’écris là n’est que mon avis. Aux auteurs concernés de prendre ce qu’ils veulent, ou rien du tout.


Encore une fois, je vous invite à faire votre propre avis en LISANT les nouvelles sélectionnées et surtout ensuite d’aller VOTER pour vos préférées. A la prochaine ! 

mardi 29 septembre 2015

J'ai lu "l’épreuve : le labyrinthe", par James Dashner

En passant avec le succès qu’on lui connaît, du livre à l’écran, Harry Potter a ouvert la voie pour un nouveau courant, l’adaptation au cinéma de livres SFF destinés à la jeunesse.  Et ils ont été nombreux les candidats après Harry Potter, parfois avec beaucoup succès avec Twighlight, Narnia, Hunger Games, Divergente, parfois avec moins de succès comme Sublimes Créatures ou Numéro 4, voire carrément le bide avec la boussole d’or. Bref, les studios ivres de nouvelles franchises à succès achètent des licences à tout va dès qu’un livre pour enfant ou ado devient un best-seller. Dernièrement, c’est le Labyrinthe qui a eu droit à son adaptation. Une fois n’est pas coutume, j’ai décidé de lire le livre AVANT de voir le film.



Tout d’abord, comme c’est désormais un grand classique, le labyrinthe s’inscrit dans une trilogie. En français d’ailleurs, la série est titrée  « L’épreuve », « le labyrinthe » n’étant que le sous-titre du tome 1. Récemment, la trilogie est d’ailleurs devenue une tétralogie puisqu’un prequel est sorti (Est-ce le début d’une nouvelle trilogie ? Difficile encore à savoir). Concentrons-nous dès à présent sur ce premier tome.

Quelques mots sur le pitch pour commencer : Thomas arrive par la « boite » dans un milieu étranger où sont déjà enfermés une centaine de garçons de son âge (de 12 à 17 ans). Ils sont prisonnier d’un labyrinthe dont la caractéristique est de se modifier chaque jour. Comme les autres, Thomas est amnésique. Il va donc devoir se faire aux autres et retrouver ses souvenirs pour sortir du labyrinthe. Il va aussi comprendre que tout cela fait partie d’un plan plus vaste et qu’une mystérieuse organisation en tire les fils. Tout commence d’ailleurs à dérailler quand peu après son arrivée dans le labyrinthe une fille dans le coma y fait également son apparition…

Lorsque j’ai abordé ce livre, je n’avais pas d’idée préconçue sur l’histoire ou le style. J’avais pris juste soin de regarder si ce n’était pas écrit en narrateur personnel. En effet, pour une raison qui m’échappe, l’écriture en narrateur personnel est la tendance lourde des livres pour ado (peut-être pour les aider à s’immerger dans l’histoire et leur donner le goût de la lecture). Et en ce qui me concerne c’est rédhibitoire.  Je peux faire l’effort sur une nouvelle, mais sur un roman de 500 pages, mis à part si c’est un classique signé d’un grand nom (et encore !) c’est au-dessus de mes forces. C’est pour ça que je ne lirais jamais Divergente ou Hunger Games même si j’adore les films.

Le labyrinthe est tout de même écrit d’une façon dont je n’ai pas l’habitude, avec un narrateur personnage. Nous sommes donc dans la tête de Thomas, ressentons tout ce qu’il ressent et nous suivons tout le déroulement de l’histoire de son point de vue. Ce procédé narratif est astucieux parce qu’il entretient un suspense incroyable. Il comporte aussi ses limites parce que du coup tout ce qui échappe à la vue du personnage est soit passé sous silence, soit rapporté. Pour faire progresser son histoire, James Dashner choisit souvent de faire raconter par d’autre personnages à Thomas ce qui s’est passé sans lui (comme lorsqu’il passe la journée en isolation par exemple). Dans le même ordre d’idées, sur la centaine de garçons du départ, certains meurent dont on ignore carrément tout. On peut lire par exemple « Frank est mort » dans la bouche d’un personnage principal. Le problème c’est que Thomas n’a jamais fait sa connaissance, donc l’impact de cette disparition est proche de zéro.

Ceci étant dit, James Dasher sait tout de même bien faire vivre sa petite communauté de jeunes avec ceux qui sont sympas, pénibles, voire carrément hostiles au héros. On s’attache facilement aux personnages que sont Newt ou Minho et plus tard Teresa. La mort de certains personnages est soit une libération (Gally) soit un crève-cœur (Chuck).

Il n’y a jamais de temps mort dans l’histoire. Le récit possède un vrai rythme. Le découpage des chapitres y est pour beaucoup. Les chapitres sont en effet très courts, juste quelques pages. Assez pour exposer sa scène et la terminer par une accroche qui donne envie de lire la suite. Je me donc fait « avoir » par l’auteur, et je me surpris à me dire à chaque fois, « allez encore un petit chapitre ».

Je ne vais pas vous cacher que j’ai souvent pensé au film « cube » dans les premiers chapitres de ce roman (thèmes similaires : l’amnésie, l’enfermement, le labyrinthe dont les murs bougent chaque jour, la recherche d’une solution pour s’en sortir avec des dizaines de morts à la clé) mais la lecture a vite balayé cet a priori. J’ai en fait davantage reconnu un côté « sa majesté des mouches ». Les jeunes enfermés dans un labyrinthe ont recréé une micro-société avec ses règles, son vocabulaire, ses chefs, ses droits et ses devoirs. Chaque personne a un « travail » en fonction de ses compétences. Avant de connaître son affectation définitive, les nouveaux venus doivent faire un stage dans chaque poste.  Thomas veut ainsi devenir coureur, mais impossible de le devenir sur simple demande. C’est parce qu’il va se passer un évènement hors du commun (en désobéissant d’ailleurs à l’ordre de rentrer dans le labyrinthe en pleine nuit) qu’il va casser l’ordre établi et devenir coureur en quelques jours (alors qu’il fallait normalement un long processus de sélection).

L’aspect machinations en arrière-plan m’a beaucoup intéressé aussi. On sent qu’il y a un truc énorme derrière, mais là, grande frustration, on n’en saura pas grand chose ou si peu, je ne vais pas en dire plus.

Bref, je sens que je pourrais encore dire pas mal de choses sur ce livre, alors je vais m’arrêter avant d’en dévoiler plus sur son contenu. En conclusion, voici donc ces quelques mots : passionnant de bout en bout, rythmé et agréable à lire, ce livre est une véritable découverte. C’est le début d’une trilogie, donc à moi le tome 2 !!


jeudi 24 septembre 2015

Le 6ème tournoi des nouvellistes, commentaires des nouvelles de la semaine 2

C’est au tour du groupe B de passer dans l’arène et déjà je suis en retard dans mes commentaires. Bon, allez pas de temps à perdre. Aussitôt dit, aussitôt lu. C'est donc le moment de faire une petite revue de détail.



Née de la glaise, d'Erika Fioravanti :

Voici une nouvelle qui m’a surpris à plus d’un titre et qui m’a emmené dans une introspection théologique (si, si). En effet, nous sommes à l’aube des temps, juste avant la faute originelle en compagnie d’Adam et Eve. La genèse biblique, rien que ça. Sauf qu’ici, nous suivons la chute du point de vue d’Eve. Voilà un point de vue que je concède être original. Style personnel maîtrisé avec un ensemble très bien écrit et fluide à la lecture, c’est de l’excellent travail. On sent aussi un bon travail de documentation puisque ici on respecte à la lettre la progression du texte biblique de Genèse chap. 3, sans oublier l’allusion à la tradition kabbalistique avec Lilith. Après, concernant le fond, j’avoue que ça m’a laissé un peu songeur. Adam parait quand même ici bien bêta et relégué en arrière-plan. Eve, quant à elle, se pose beaucoup de questions et entretient des raisonnements peut-être un peu trop élevés par rapport à un Adam effacé et même plus loin assez timoré. En ça, cette Eve-là m’est apparue trop contemporaine dans ses paroles et dans ses pensées, trop frondeuse aussi. Dans le texte biblique en effet (puisque cette relecture de la Genèse pousse par nature à la comparaison), Eve ne réplique jamais et suit Adam sans discuter. Ici, on a une Ève très remontée contre Dieu qui prend même le dessus au niveau du dialogue sur ce dernier. Pour faire court, j’ai parfois eu l’impression que l’auteur confondait Eve avec Lilith et j’ai trouvé ses discours face à Dieu excessifs dans sa révolte, tout comme le « stupides créatures » de Dieu qui détonne trop. La fin est un plaidoyer pour la liberté individuelle sans Dieu. Un discours auquel on peut adhérer, mais qui me semble dépasser le personnage d’Eve, J’ai plutôt eu l’impression que c’était l’auteure qui réglait ses comptes et nous livrait tout son venin. Ceci étant, cette nouvelle aura au moins eu le mérite de me faire relire la Génèse et de me faire réfléchir sur le sujet, ce qui est déjà pas mal.



Philippus, de Rachel Fleurotte :

J’ai déjà souvent vu ce type d’histoire : une « bète » vient tuer les enfants/parent/femme d’un personnage et celui-ci part se venger. C’est en soit un grand classique. Cependant, je dois reconnaître que je n’avais jamais lu ce type d’histoire au temps des romains. L’époque dépeinte est ici plutôt bien rendue avec les mythes et les croyances qui y sont attachés. Encore une fois (et c’est quand même la tendance lourde de ce tournoi), le style est bon. Malgré un scénario prévisible, j’ai lu avec intérêt tout le récit, impatient d’en connaître l’issue. Et hélas je suis resté sur ma faim quant à la chute. Philippus vainc (désolé pour le spoiler) la stryge grâce à un pouvoir sortit de nulle part comme par miracle. Même si l’auteur instille l’idée au cours du récit. On ne peut s’empêcher de se poser pleins de question : d’où ça vient ? Pourquoi là maintenant dans l’histoire ? Et pourquoi Philippus justement ? En somme, c’est un magnifique Deus ex Machina des familles. Et là, je dis, dommage.



Le contrepoids, d'Alex Evans :

Nous voici maintenant dans ce qui pourrait être l’Egypte pharaonique ou l’empire babylonien, voire assyrien. Même si l’époque ou le pays ne sont pas nommés, je me suis senti en pleine antiquité, ce qui semble être d’ailleurs le fil rouge de ce groupe. Ça tombe bien, j’aime l’antiquité. Le contrepoids est à premier abord une nouvelle très courte. J’ai pourtant au départ regretté un début longuet. C’est loin d’être laborieux, mais j’avais l’impression que l’on s’attardait un peu trop sur les splendeurs et qualités attribuées au despote. Vu le nombre de pages de la nouvelle, j’ai craint que l’histoire termine avant même de vraiment commencer. Mais je me suis aperçu que ce début n’était présent que pour mieux servir la fin et renforcer son impact. Car, oui, à l’instar de nombre de nouvelles du maitre Asimov, le contrepoids ne fonctionne et n’est compréhensible qu’à la lumière de son twist final. Évidemment il faut que ce twist soit bon et efficace sous peine de faire sombrer toute la nouvelle. En ce qui me concerne, j’ai été plutôt convaincu par ce twist. En conclusion, voilà donc une nouvelle fort sympathique.



La marque du gibier, de Philippe Grabt :

Comme je l’ai dit plus haut, l’antiquité semble être le thème de cette sélection. Voici donc cette fois une adaptation contemporaine d’un mythe décrit dans les récits de Tacite. D’entrée de jeu, je salue la culture de l’auteur qui a su nous faire partager une histoire méconnue (en tout cas de moi). Ceci étant dit, je dois reconnaitre que je n’ai pas accroché au début du récit. Voir un futur marié éméché le soir de son enterrement de garçon m’a tout de suite fait penser qu’on allait avoir droit à une série de délires qui au final s’avéreraient être le rêve ou le cauchemar du personnage. Ça m’a faisait un peu rappeler certains épisodes de séries télé que je regardais dans les années 70-80 où finalement on apprenait à la fin qu’il s’agissait en fait d’un rêve et que donc rien ne s’était passé. Malgré moi, ça m’a mis dans une position où j’attendais le moment où le personnage se réveille. Ce qui m’a pourtant tiré de cet a priori, c’est tout t’abord que le récit mène bien son suspense avec une vraie progression dramatique, puis j’ai aimé tout ce qui concernait Tacite parce que ça apportait un vernis culturel. Enfin, je dois avouer que le doute distillé à la fin m’a bien plu. J’ai aimé me demander si l’aventure avait été réelle ou imaginaire. Par contre, trois remarques pour la fin :

- Fabien porte une marque qui fait de lui la cible de la malédiction. Très bien. La chatte épargne Fabien parce que Maeva a fait une fausse couche et que donc la mort de Fabien briserait la lignée. Certes. Mais j’ai été surpris que la solution de Fabien pour se libérer de la malédiction soit juste de s’effacer la marque. Ça m’a parut trop facile et peu « couteux » pour le personnage (un tour chez le dermato et hop). S’empêcher par contre d’avoir un enfant, aurait été à mon sens un choix beaucoup plus terrible qui hanterait à vie Fabien.

- Le coup de l’annonce à la radio est excellent, mais arrive pour moi après de longues et dispensables explications sur le retour de Fabien chez lui. Ça perd peut-être un peu en efficacité. J’aurais, je pense, passé directement à l’autoradio après que le personnage décide de rentrer chez lui pour prendre une douche.

- Je pense que le petit paragraphe explicatif du récit Tacite n'était pas utile. C'est certes intéressant pour son caractère informatif, mais ça ne sert pas l'histoire et donne un aspect scolaire. Qui est intéressé ira forcément rechercher la référence.



Voilà, tout ce que je pouvais dire pour cette semaine 2. Encore une fois, je vous invite à faire votre propre avis en lisant les nouvelles sélectionnées et surtout ensuite d’aller VOTER pour vos préférées. A la prochaine !